8 octobre 2008

Dingue donc

Séraphine de Martin Provost.

On se paie une toile. Par le truchement d'une figure oubliée de l'histoire de l'art du début du vingtième siècle, une exploration des démentiels confins de la folie créatrice. Faut-il être fou pour être artiste ? Tout artiste est-il fou ? Le destin de cette Séraphine Louis, dite Séraphine de Senlis abonde dans ce sens.

A l'aide de pigments artisanaux de sa fabrication, cette femme de ménage passait ses nuits à peindre à genoux des motifs floraux exubérants, ce qui lui valut d'être rangée par les connaisseurs parmi les naïfs, à l'instar du douanier Rousseau. Travaillant du chapeau autant que du pinceau, elle faisait figure à Senlis de simplette originale, se baquant à poil dans les rivières, ou grimpant aux arbres pour leur parler. Un marchand de tableau allemand en goguette la sortira de la pénombre où elle tâtonnait, mais n'empêchera pas son glissement vers la folie et l'asile.

Le sujet est aride. Et pourtant, porté par la reconstitution minutieuse d'une époque où le talent n'a pas sa place dans la petite bourgeoisie de province, et irradié par la composition de Yolande Moreau, ce film ascétique, rechignant aux effets mais soignant l'image, parvient, qu'on aime ou pas la peinture de Séraphine, à nous faire entrer dans l'esprit dérangé d'une artiste dérangeante.

Crash-test :

3 commentaires:

Anonyme a dit…

ça devrait me plaire.
souvent , je me demande où se trouve la limite de la folie, de l'acceptable , de l'impudique.. tout çà, tout çà .

je connais beaucoup de prétendus artistes , qu'on reconnait essentiellement à leur mauvais caractère , plus qu'à leur célébrité.
Pour chaque parent que nous sommes , notre petite ciboulette perso est toujours une artiste digne de lascaux . c'est généralement notre ( bon , je ne parle pas des "naïfs ", mais presque en légère bordure).




Art de l'intuition, de la récréation géniale d'un monde commun?
Art par ce qui est communiqué et compris, ou par son mystère qui fait parlé ?

De la" simplette originale" à le Clézio , comment se mesure l'art , est il celui d'une élite " cultivé" ou de celui qui ressent le monde d'une manière particulièrement sensible?

le complexe , le sérieux , l' inné , le retravaillé ?

doit t on l'expliquer ?

un "grand artiste" , c'est à dire reconnu est aussi la rencontre avec un autre qui lui a permis d'être découvert , reconnu .
sans doute de grands artistes sont ils restés de petits rêveurs pour cela.

( j'ai peut être un peu pris le soleil aujourd'hui ..)

Anonyme a dit…

ha me relire trop tard , bien sûr, absolument; un festival .

Hobopok a dit…

Voilà, et pis des à-la-ligne à tire larigot. Mais effectivement le film pourrait te plaire.