26 février 2008

Trop cool

Je ne suis pas inconditionnel d'art abstrait, qui ressemble trop souvent à une combine avec un peu de blabla autour. Pourtant au détour d'un gros bouquin sur le cool californien des années 50, je tombe en arrêt devant ça. Signé Karl Benjamin. Si vous cliquez dessus, plus grand c'est encore mieux.


Ça ressemble à s'y méprendre à de la perfection: difficile de modifier un angle ou une couleur sans déséquilibrer tout l'édifice (je le sais, j'ai essayé). Et c'est totalement déstabilisant, tant le rapport des masses et des détails est inhabituel. Et il y en a d'autres, d'une veine similaire, trouvés dans le même bouquin, ou sur le net. Faut dire que Benjamin s'est aussi à l'occasion fourvoyé dans quelques impasses typiques de l'abstraction, mais il laisse quand même nombre d'œuvres assez saisissantes.


Et il avait des copains copines de la même époque, qui sans se la péter à vouloir faire école, devaient tout de même bien barboter dans la même piscine californienne. Genre Helen Lundeberg.


Ou Lorser Feitelson.


Mais punaise comment ça se fait qu'on ait jamais entendu parler de ces gens-là alors qu'on se fade du Ben ou du Di Rosa à longueur de journée ?

La marche du pingouin

Ce n'est pas trop dire que ce livre m'a scotché : Penguin by Design, un cours magistral de graphisme et de typographie, une traversée du XXème siècle sous l'angle d'une aventure industrielle, éditoriale et graphique, avec des personnages hauts en couleurs, plus grands que la vie, comme dirait Shakespeare, le tout avec une érudition sans faille, et dans une langue pas du tout rébarbative. Pour ceux qui n'entravent rien à l'angliche, reste une rétrospective impressionnante des couvertures des livres des collections Penguin depuis leur création en 1935. Bref, tout sur la marque (de livres) aux trois bandes. Déjà la couv' et sa mise en abîme, on sait qu'on va pas se fiche de nous.


Une coïncidence heureuse décida du succès des jeunes livres de poches Penguin. Le format d'impression choisi pour des raisons économiques permettait par hasard aux bouquins de rentrer pile poil dans les poches de vareuse des uniformes des armées britanniques. Là-dessus Adolf Hitler envahit la Pologne, et fait la fortune de l'éditeur. Pour fêter ça, le premier designer en chef s'engage dans la marine.


A la fin de cette somme, deux planches reproduisent toutes les versions des pingouins et autres volatiles utilisés pour identifier les diverses collections à travers les âges. J'ai simplifié pour ne garder que les pingouins. Saurez-vous reconnaître celui utilisé à la date la plus récente (2005) ? Un indice : je l'ai mis en orange.

A croire qu'à chaque fois qu'un nouveau directeur artistique arrivait : "Ouh la la, mais ça va pas du tout ce petit pingouin qui danse", puis le DA suivant "Ouh la la, mais ça va pas du tout ce petit pingouin qui danse pas". Etc, etc. Finalement : "Ouh la la, mais ça va pas du tout ce petit pingouin, avec ses ailes trop longues" Ou alors"...ses pattes pas assez courtes". Bon bref. Comme si la longueur d'ongles des pattes du pingouin, ou l'épaisseur de ses ailes, ou le biais de son œil, allait influer sur les ventes... Qu'est-ce qui est vraiment moderne ? Ça laisse songeur.

24 février 2008

De l'art et du cochon

Je ne parle pas du tout de qui vous savez, j'en ai fait le vœu solennel. Mais je tiens seulement à saluer cette affiche délicieusement nostalgique qui a fleuri sur les murs du Neuf-Trois, et jusqu'en bas de chez moi. Elle fait honneur à la grande tradition des graphistes affichistes du PCF. Je la montre parce que tout le monde n'a pas la chance d'habiter dans le Neuf-Trois.

Notez au passage les paysages insolites et grandioses du Drancy pittoresque, qui auraient pu me valoir une subvention du comité départemental de tourisme.

23 février 2008

La rubrique philatélique

Le site de la Poste offre depuis quelque temps un nouveau service, MontimbraMoi, qui permet, un peu sur le principe des albums photos en ligne, de concevoir son timbre personnalisé. Quelques exemples sont exposés en guise de démonstration, et vas-y que je mets mon bébé, et vas-y que je mets mon chien, ma maison, ma gueule... Je ne sais pas si la Poste se réserve le droit de mettre le holà à un tel festival de mauvais goût, mais j'ai bien envie de les tester avec les deux designs suivants.

En hommage à la nouvelle loi Dati sur la rétention de sûreté.

22 février 2008

L'almanach des bébés

"Almanach" parce que "encyclopédie" c'est déjà pris.

Or donc, bien souvent des expressions sont un peu galvaudées, pour un oui pour un non, n'entend on pas dire "ouais, je me suis fait chier dessus" ? Eh bien je me suis fait chier dessus. Par ma fille. Valiha, deux mois et demi.

Cette petite chieuse, donc, a tout lâché d'un coup ça a débordé de la couche, traversé la fringue, zou, plein partout sur Papa. Comment je suis fier !

Non si j'en parle c'est surtout pour souligner à quel point la couleur est tenace. Jaune orangé, vu qu'elle est toujours au sein maternel, on pourrait à l'aise en faire un colorant textile industriel. Je vais l'envoyer faire des piges à la buanderie du Racing Club de Lens.

Je mets pas de photos.

21 février 2008

Gutenberg 2.0

Un grand article du Monde (une publication gothique concurrente) de ce soir est consacré au Kindle, le livre électronique d'Amazon. Un objet assez étonnant, qui pourrait préfigurer certaines évolutions dans notre façon de consommer de l'écrit (ce que mine de rien, vous êtes en train de faire en ce moment même).

Ce n'est pas le premier livre électronique, mais c'est le premier qui, sans passer par un ordinateur, sans wifi, communique directement avec le catalogue des éditeurs par réseau de téléphonie mobile haut débit. Un objet aussi bien foutu peut nous amener à reconsidérer notre relation à l'écrit, et mieux distinguer contenant et contenu. Rien n'oblige le contenu d'un livre, la matière grise, à être prisonnier du contenant, le papier, pour les siècles des siècles, pas plus que la musique n'est restée cantonnée à des rouleaux de cire.

Pour un chaud partisan du papier comme moi, ça commence à faire réfléchir. Le livre papier qui doit avoir, à la louche, dans les trois ou quatre mille ans, risque de prendre un sacré coup de vieux, et avec lui tout ceux qui ont ricané d'aise à la déconfiture du pitoyable et prétentieux CD-rom multimédia.
En regardant plus loin, le concept n'est pas exempt de critiques.

Tout d'abord sur le réseau téléphonique de distribution. Imaginons qu'un système de livre électronique grand public à grande échelle soit parvenu en situation de monopole et ait totalement marginalisé l'édition papier. Qui contrôle le réseau contrôle en fait tout ce qu'on peut lire ou pas. Bonjour la liberté.

Ensuite sur la fracture numérique : arrivé à un seuil critique de diffusion, le Kindle risque de décourager un éditeur de produire une version papier d'un titre. On prive ainsi de lecture ceux qui ne peuvent investir dans l'appareil, et on tarit l'approvisionnement des bibliothèques. Et dans les pays pauvres où le livre est un luxe, on peut penser que le livre électronique le serait d'autant plus.

Vu comme ça, on peut penser que le Kindle participe à ce que j'appelle l'illusion technologique. C'est à dire le dogme qui voudrait que davantage de technologie égale progrès, sans aucune prise en compte de conséquences à long terme. Ca avait commencé avec les calculettes, aujourd'hui plus personne ne sait faire une division de tête. Sans son GPS, l'automobiliste perdu à 50 mètres de chez lui ne sait plus s'il faut tourner à droite ou à gauche après le Franprix pour rentrer au garage. On abdique finalement des pans entiers de notre cerveau à des machines qui consciemment ou non ne demanderont qu'à nous trahir.

On croirait un film de science-fiction. I'll be back.

20 février 2008

Hors d'Afrique

Petite visite la semaine dernière à Paris de mon bon ami le grand artiste africain Conrad Botes, en compagnie duquel j'ai vidé une bouteille de Saint-Joseph Guigal 2003 à la brasserie Polidor dans notre belle capitale. Dès qu'il fut saoul, et à l'instigation du sieur Lancelot également présent, j'en profitai ingénument pour lui soutirer une dédicace sur son ouvrage The Big Bad Bitterkomix Handbook, dont il m'a remis un exemplaire de la nouvelle édition reliée, avec nouvelle couverture. J'avais déjà l'édition 2006 en souple et couverture première version.
Et donc la nouvelle couverture (en collaboration avec son alter ego Joe Dog) :


Et pour mémoire la précédente version :

Pas mal non plus.

Et donc ce bouquin revient sur le parcours graphique de Conrad Botes et Joe Dog, les deux compères de Bitterkomix, la revue de BD sudaf qu'ils ont créée il y a quinze ans. Tellement qu'il est bien ce livre, c'est pas tant à cause le qualité de la maquette, ni de la richesse de l'iconographie ou de la qualité des reproductions (dont une quantité non négligeable de zigounettes et de foufounes afrikaners), mais bien surtout parce qu'il inclut un article en français signé de votre serviteur. Bon j'avais écrit ça à l'arrache il y a bien cinq ans pour une expo qu'ils faisaient avec l'Institut français d'Afrique du Sud de Jobourg, et je n'y trouve plus que facilités de style et approximations syntaxiques, mais ça fait plaisir tout de même.

Et je dis pas ça pour me vanter.

6 février 2008

Les nourritures extra-terrestres

Pendant que j'y suis à mettre des dessins pas de moi, voilà les deux premières cases d'un projet des sieurs Bertaud et Lancelot, l'infernale paire quasi réunionnaise, que j'ai entrepris de peut-être colorier (le projet, pas la paire).

D'aucuns trouveraient ça fade.

Valihakely

Nous avons reçu aussi ce joli dessin de la part d'Anselme (aka Tonton Cotty), qui malheureusement pris d'une crise de sobriété tout à fait inhabituelle s'est un peu mélangé les pinceaux dans les dates, vu que la petite Valiha est née le 3 décembre.



Une petite anecdote en passant : pourquoi donc ce surnom de "Cotty" dont est affublé le célèbre grand artiste malgache ? Eh bien parce qu'il s'appelle pour de vrai René Anselme de ses prénoms. René. Comme René Coty, de la présidence de la République française. Mais avec deux "t" Dieu sait pourquoi.

Se serait-il appelé Georges qu'on l'aurait surnommé Pompon comme Pompidou. Charles, et il était bon pour le Grand Duduche...