31 mars 2009

Le cœur a ses maçons que
la raison ignore

Les maçons du cœur (Extreme Makeover Home Edition) sur TMC les mercredi et samedi soirs.

Souvent imitée, jamais égalée, c'est à la fois la meilleure et la pire des émissions de télévision qu'on puisse imaginer. La meilleure, parce que le concept autoportant est imbattable et tellement évident. La pire parce qu'elle fait appel à ce qu'il y a de plus bassement infect en chaque téléspectateur, draguant les tréfonds vaseux de l'âme humaine, seulement enrobés d'un pimpant ruban de bons sentiments en guise d'offrande. Attendez... non, c'est l'inverse, ou alors... à moins que... oh et puis vous m'avez compris, ça pue du cul. Mais une petite andouillette de temps en temps, ça n'est pas péché.

Andouillette toi-même !

Je résume donc ce concept brillamment étasunien : en une semaine chrono, une fine équipe de spécialistes de la construction et de la décoration va gracieusement transformer, en général démolir et reconstruire, la résidence d'une famille méritante sélectionnée par la production. Et c'est là que c'est fort. Pas de danger qu'ils aillent te prendre de pauvres familles lambda dont les maisons offriraient d'intéressantes possibilités d'éducation architecturale. Non non non, ils ne prennent que des familles de handicapés lourds, s'ils marchent sur les moignons encore mieux, des orphelins rescapés de la drogue mais qui ont rencontré Jésus-Christ, des obèses à roulettes vétérans de Dieu sait quelle guerre perdue, des chômeurs alcooliques décimés par des fusillades de gangs en pleine rue mais qui ont sauvé des petits chatons de la noyade, etc... Parce que cette émission de télé, ben, voyez, elle a le cœur sur la main, elle est là pour faire le bien, c'est une sacrée leçon de vie.

Et donc les bons génies de la télé refont la maison à leur goût. Le petit dernier aime les pompiers ? Pas de problème, on lui fait son lit sur une grande échelle offerte par les pompiers volontaires du coin. Trop de disputes sur le programme télé ? Pas de problème, on construit un mur d'écrans avec casques stéréos individuels pour chaque autiste. Un décès tout frais dans la famille ? Pas de problème, on jette toutes les vieilles photos mal rangées du mort, sauf une qu'on affiche grandeur géante dans le mausolée dès l'entrée.

Au bout d'une semaine, les McGroseille reviennent de leurs vacances à Disneyland où on les a envoyés, et découvrent stupéfaits l'étendue des dégâts. A la dernière seconde, un bus se déplaçe de devant leur nouvelle maison pour leur faire la surprise, et ils sont aimablement priés de sauter et hurler de joie (cinquante prises). Tellement c'est trop de bonheur.

Tu vas sauter de joie, oui ou merde ?

On pourrait croire que ça coûte bonbon à produire, mais pas tant que ça, vu que l'équipe magouille toujours avec des entrepreneurs locaux, des fournisseurs de grandes marques, jusqu'à la banque d'à côté qui offre les dernières mensualités et rachète l'hypothèque, trop heureux d'être cités dans une des émissions phares du paysage audiovisuel nord-américain, succès d'audience faisant foi. Si en plus c'est pour une œuvre.

Curieusement, cette émission qui se vautre dans l'abjection la plus douteusement odorante, exerce sur le téléspectateur bourgetin une force d'attraction-répulsion sans égale. On se dit sans cesse, non, ça, quand même, ils ne vont pas oser... Eh ben si, ils osent, c'est même à ça qu'on les reconnaît.

Comme écrivait Wiaz avec une certaine préscience dans feu Droit de réponse : une maison de maçon, une télé de m...

C'est tout de même un Monde

Pendant ce temps, un grand quotidien gothique du soir que je m'obstine à lire en dépit de sens commun a enfin pris toute la mesure des événements à Madagascar. Son correspondant à Johannesbourg a finalement pris l'avion pour la Grande île afin de réaliser de toute urgence un reportage exclusif, paru dans l'édition de cet après-midi, sur l'élevage des crevettes bio. Oui oui, un reportage sur l'élevage des crevettes bio à Madagascar, extrêmement intéressant.

Les correspondants du même journal en Irak peuvent légitimement nourrir tous les espoirs concernant leur scoops sur le tissage des tapis traditionnels kurdes, les envoyés spéciaux au sommet du G20 de Londres s'apprêtent à dévoiler le secret de l'eau minérale qui sera servie aux chefs d'Etats et de gouvernements participants, et même ce free-lance, infiltré en Corée du nord au péril de sa vie, pourrait voir en une ses révélations fracassantes sur cette fabrique de santons à l'ancienne près de Pyongyang.

Jean-Pierre Pernaut doit se retourner dans sa tombe. Ah mais non, il est pas encore mort.

30 mars 2009

Poids et démesures

Patapoufs et Filifers d'André Maurois, illustré par Jean Bruller.

Réédition de 1967 de l'ouvrage publié initialement en 1930, dans une Europe encore groggy de la première guerre mondiale, traversée de courants pacifistes, mais déjà touchée par la grande dépression qui allait enclencher la seconde (guerre mondiale). Une fable poétique, édifiante mais pas bêtifiante, qui relate le séjour de deux jeunes frères, Edmond et Thierry Double, un petit gros et un grand maigre, aux pays du Sous-Sol où s'affrontent deux ethnies, les obèses et jouisseurs Patapoufs, et les industrieux et filiformes Filifers.

André Maurois (ou son éditeur) avait confié les illustrations à un jeune inconnu, Jean Bruller, qui se fit ultérieurement un nom dans la littérature sous le pseudonyme de Vercors, et dont la petite-fille est une vraie salope.

C'est de la vraie bonne littérature enfantine, rehaussée de ces merveilleuses enluminures qui donnent chair et os (selon les cas) aux personnages fantastiques chez qui chacun pourra reconnaître ses penchants naturels. La fable, d'un style évidemment simple mais comique, qui semble une réflexion sur la nature humaine, est surtout éminemment politique, mettant à la portée des jeunes lecteurs de biens intéressantes réflexions sur la nature du pouvoir, la conduite de l'Etat, le sens de la nation et du patriotisme, accessoirement la tolérance et la paix, sans jamais prendre le ton sentencieux d'un rébarbatif prêchi-prêcha.

J'ai eu toutes les peines du monde à me procurer enfin un exemplaire, en état moyen, de ce livre que je lisais gamin chez mon petit voisin du dessous. Pourquoi personne n'a-t-il pris la peine de le rééditer depuis ? Mystère...

29 mars 2009

100 + 976 = 101

Le département Océan indien de l'IBRI rebondit sur l'article qu'Appollo a bien voulu consacrer au référendum sur la départementalisation à Mayotte, avec l'avantage sur lui de connaître depuis ce soir le résultat dudit référendum. A la surprise générale, à la question "Souhaitez-vous continuer à voyager en soute ou souhaitez-vous plutôt voyager en première avec champagne halal offert par la République ?", 62% des Mahorais (les habitants de Mayotte) ont pris la peine de répondre "en première avec champagne halal offert par la République" à 95%. J'ironise d'autant plus volontiers que bien entendu, alors que tous les partis politiques locaux sans exception avaient appelé à voter pour la départementalisation, l'issue du scrutin ne faisait évidemment aucun doute.

Et donc en 2011, Mayotte devrait ainsi, sauf coup de main vengeur orchestré depuis l'Union des Comores voisine, devenir le cent-unième département de la République française. Un certain nombre de défis attend nos futurs concitoyens, à commencer par l'état civil, base de toute administration un tant soit peu moderne, tenu de temps immémoriaux par les cadis, juges de paix musulmans, sur des Post-It® qu'on met à sécher sous la pluie en même temps que les fleurs d'ylang-ylang, principale production de l'île avec les chômeurs. Ah oui, car la quasi totalité des habitants de Mayotte, hormis le préfet blanc comme un linge, sont noirs, musulmans, avec pour langue maternelle un patois de swahili, et ont au moins un cousin à Marseille. Pour le patois, je ne suis pas sûr qu'on l'éradiquera avec la même efficacité qu'on a eu raison du breton.

Le vrai chic français.

Et la départementalisation n'est qu'une façon bien euphémique de présenter la chose, car cela va se doubler également d'une régionalisation, au sens des lois de décentralisation de 1982, l'île devenant à l'instar des autres DOM une région monodépartementale, dotée de deux assemblées pour un même territoire, un conseil général et un conseil régional, habile décalque des institutions métropolitaines dont la pertinence n'est plus à démontrer, comme la Guadeloupe en a fourni récemment l'éclatant exemple. De nouveaux fauteuils à pourvoir qui sûrement auront laissé de marbre les unanimes politiciens locaux.

Sur le plan intérieur, Mayotte a donc du boulot devant elle, avec des minima sociaux, pour certains une nouveauté, RMI, SMIC et tout le toutim qui devraient mettre vingt ans à rattraper les niveaux métropolitains. Les cadis, au demeurant stipendiés par le conseil général, vont devoir abdiquer leur rôle de notaire dans une île où la propriété foncière est encore organisée de façon traditionnellement clanique et surtout matriarcale.

Tout ça serait de la rigolade si le principal problème ne se situait sur le plan diplomatique. Car la Mayotte française est une sacrée boutade au regard du droit international, spécialité de MM. Kouchner et consorts, boutade issue d'un référendum de 1974 portant sur l'indépendance des quatre îles comoriennes alors colonies françaises, et dont la France giscardienne choisit, on se demande encore pourquoi aujourd'hui, de lire les résultats non pas globalement mais île par île. Mayotte s'étant prononcée pour le maintien sous souveraineté française, elle devint ainsi, toutes proportions gardées, notre Irlande du Nord à nous quand les trois autres îles sont devenues indépendantes en 1975 sous le nom de République fédérale islamique des Comores. Les Comores sombrent comme de droit dans l'anarchie, le chaos, la pauvreté, l'influence sud-africaine, deviennent brièvement un royaume mercenaire, avant de revenir à la relative normalité d'anarchie, chaos, pauvreté et coups d'Etat. Pendant ce temps, à Mayotte, la vie est rythmée par le séchage des Post-It® et le concours annuel de pétanque au retour des cousins de Marseille.

Aussi aujourd'hui, Mayotte est avec la Guyane le principal point noir de l'immigration clandestine en France, les Comoriens n'hésitant pas à risquer de se faire bouffer par les requins pour aller y chercher un peu de douceur française, un bon boulot d'esclave, ou un accouchement à la maternité de Mamoudzou avec peut-être des papiers pour le petit. On manque de Post-It® pour comptabiliser ces clandestins dont personne ne connaît le nombre exact, d'autant moins qu'on ne les distingue pas toujours franchement des Mahorais "de souche" dont l'état civil s'est envolé avec le dernier cyclone, sans compter que les familles ont souvent des ramifications dans tout l'archipel.

Alors voilà, bienvenue dans la République, les gars, bien joué. Bien joué le bras d'honneur adressé aux Comores, à l'Union africaine et à l'ONU. Bien joué la manipulation des politiciens métropolitains, les doigts pris dans l'engrenage de l'absurde, acculés à l'inévitable pour récompenser votre indéfectible attachement à la France. Si vous avez des réclamations concernant notre service en première classe, le caractère halal du champagne, ou sa fraîcheur, parlez en au LKP, en Guadeloupe.

25 mars 2009

Le chien le plus bête de l'Ouest

Volt de Byron Howard et Chris Williams.

Animation canine à basse tension. Un toutou vedette de la télévision à Hollywood se trouve catapulté dans la vraie vie où il découvre que ses super pouvoirs supposés n'étaient que du pipeau d'effets spéciaux destiné à lui monter le bourrichon pour qu'il fasse le beau devant les caméras. Echoué à New-York, il traverse les Etats-Unis jusqu'à Los Angeles pour retrouver l'enfant-comédienne qu'il prend encore pour sa gentille petite maîtresse et qui, elle, coup de bol, n'a jamais feint son affection.

Pas grand chose à dire sur le niveau de l'animation 3D, savoir-faire que Disney a importé directement de chez Pixar, sans en avoir toute la vista ni la qualité innovante. Mais l'histoire est bien décevante. Alors qu'évidemment le sujet était sur la première partie du film, inhérent au personnage de Volt qui voit son monde s'écrouler et se découvre n'être qu'une marionnette entre les mains d'invisibles manipulateurs, schizophrénie paranoïaque promettant un Truman Show à poil ras, on en vient bien vite aux habituelles niaiseries qui sont malheureusement réservées au public enfantin : dans la vie, tout est possible si on croit en soi, et c'est tellement bon d'avoir un bon copain, et rien ne vaut l'amour qui triomphe de tout. Eh oh, Disney, réveillez-vous, Dumbo et sa plume magique, c'était il y a soixante ans ! Cessez un peu de prendre nos mômes pour des goyaves !

Et soit dit en passant, Disney ne manque pas d'air de prétendre critiquer l'avidité des studios de production et de prôner les vraies valeurs de la vraie vie.

Crash-test :

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24 mars 2009

L'aloi des séries, épisode 3

Votre chat a fait une overdose de croquettes après avoir regardé 30 millions d'amis ? Votre poisson rouge a sauté de son bocal directement dans la friteuse après le Thalassa du vendredi saint ? Tout n'est pas perdu, vous pouvez encore sauver la biodiversité et vos soirées télé grâce aux conseils avisés d'Hobopok Dimanche.

Lucky Louie.
Une sitcom pas comme les autres. Ecrite produite et jouée par le délirant comique de stand-up Louis CK, voilà une petite famille de pauvres blancs déjantés de Boston où rien ne va, les fins de mois sont difficiles, et les amis sont tous dealers ou racistes ou juste crétins ou n'importe quelle combinaison des trois, mais de toute façon frustrés et malheureux. La série respecte les codes du genre, mais les pimente avec des enregistrements en public, donc des rires pour de vrai et pas en boîte, ce qui donne presque la saveur d'un vrai spectacle, et compense la mise en image banalement frontale. Mais les dialogues très bien écrits font mouche, et on meurt de rire de la meilleure façon qui soit, désespérée. HBO a sabré la série au bout d'une saison et treize épisodes, on se demande encore pourquoi. Trop la poisse, ce Louie.

The Riches.
Une autre série étasunienne à longévité réduite, la chaîne FX lui ayant tiré le tapis de sous les pieds après seulement sept épisodes de la deuxième saison. Deux anglais, Minnie Driver, qui se fait malheureusement rare, et Eddie Izzard, mon idole depuis qu'il m'a dédicacé une cassette d'un de ses spectacles, sont les figures de proue de cette création assez originale. Le célèbre travesti yéménite a d'ailleurs aussi écrit et coproduit la série. On y découvre stupéfait un aspect ignoré de la culture anglo-saxonne, avec cette famille de gitans irlandais (pas de lien de parenté avec nos romanichels à nous), gens du voyage qui usurpent l'identité d'une famille de bon gros bourgeois suburbains de Louisiane. Beaucoup de péripéties, pas mal d'humour, un zeste de drame, schizophrénie et critique sociale (à moins bien sûr que les deux termes ne soient synonymes), c'est assez bien vu. Je reviens à Driver et Izzard, sous-employés dans d'autres productions comme au cinéma, et qui, sans entraves, font ici une démonstration assez époustouflante de leurs talents d'interprètes.

Trust Me.
La première saison est en cours de diffusion, et ça y est je suis bêtement accro. Alors bien sûr, c'est pas excessivement malin, ça se passe dans le milieu de la pub contemporain à Chicago, et la critique est un peu courte, mais le rythme est là, les répliques sont calibrées au quart de poil, bref, c'est bien fait, bien joué, machin tout ça. En fait, l'intérêt caché de cette série réside dans les personnages des deux héros, binôme créatif en agence, rédacteur et graphiste, et, quoiqu'officiellement hétéros et tout, unis par une relation aussi trouble que celle qu'entretiennent Haddock et Tintin. Il ne manque que la Castafiore. A noter la réjouissante réapparition de Griffin After Midnight Dunne.

Skins.
Cette série britannique est à la fiction française ce que Damien Hirst est aux petits chats du calendrier des PTT, un abîme insondable d'audace et de modernité les sépare, la Manche. Le titre fait référence aux feuilles de papier à rouler, mais aussi aux apparences interchangeables d'une application informatique, ou encore aux couches de derme que l'on endurcit ou pas, bienvenue dans le monde des ados. Une brochette d'une dizaine de personnages, complètement à côté de leurs pompes, pendus à leur portable, le sexe à l'air la moitié du temps, confondant les drogues et la vie, l'amour et la gymnastique, persuadés d'entuber profs et parents et y parvenant, bref, des ados. C'est parfois nunuche, mais surtout très drôle, émouvant, à l'occasion un peu profond, comme des ados. L'extrême pertinence du propos n'est pas un hasard, puisque les scripts sont co-écrits par un père scénariste et son fils de vingt ans. Je me suis enfilé la première saison d'une traite tellement c'est bien. Y en a encore deux autres, et en plus, ils ont changé les personnages en cours de route pour éviter la routine et conserver un peu de fraîcheur. Que Dieu se fasse la reine ! Mais les anglais savent faire de la bon Dieu de télé.

Previously dans L'aloi des séries.
Besoin de sous-titres ? SeriesSub.com.

23 mars 2009

Bidon

Envoyés très spéciaux de Frédéric Auburtin.

Comédie pas drôle. Deux journalistes de radio bidonnent un reportage à Bagdad depuis un hammam de Barbès. On les croit bientôt otages, et la machine médiatique dont ils sont partie prenante s'emballe pour obtenir leur libération.

Le sujet est excellent, et devait titiller pas mal de scénaristes, mais alors la ratade est assez sévère, malgré de prestigieux interprètes, les Gérards Lanvin et Jugnot, qui n'ont pourtant pas ménagé leur peine lors de la promo. On n'est pas même au niveau d'un téléfilm à destination des mal-comprenants. Les pauvres gags sont téléphonés deux heures à l'avance (oui oui, avant le début de la séance) puis consciencieusement appuyés à grands coups de masse, et on n'enchaîne pas le pauvre gag suivant, toujours pas drôle, tant que le dernier ahuri planqué derrière son popcorn n'a pas bien bien bien capté le précédent. Ratée la satire, ratée la critique de la société du spectacle, ratée la dénonciation des médias et de la bien-pensance contemporaine.

Un exemple de plus de ces films dispensables qui voient le jour par la grâce du CNC et semblent programmés dès leur conception, probablement in vitro, pour le flop en salles et le dimanche soir fédérateur à la télé. L'honneur du cinéma français.

Crash-test :

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22 mars 2009

Dix centimes

Depuis lundi dernier, sans tambours ni trompettes, le quotidien gothique du soir Le Monde a augmenté son prix de vente au numéro de 1,30 € à 1,40 €. Dix centimes d'augmentation, soit +7,7%, l'euro a décidément bon dos. Après une refonte en catimini de la maquette fin janvier, qui a permis une nouvelle fois de réduire la surface éditoriale à pagination égale, il s'agit du deuxième acte fort du règne d'Eric Fottorino à la tête du journal. Fottorino s'imagine peut-être que ses lecteurs ont été augmentés de 7,7% depuis trois ans. Le directeur de la publication s'est en tout cas fendu d'un édito pour expliquer que non, vraiment, il ne pouvait décidément pas faire autrement, mais que promis, juré, tout ça c'était pour le bien des lecteurs, que la pub pouvait pas tout payer, et que les correspondants et les envoyés spéciaux partout autour du monde, fallait bien les payer, et l'information ça a un prix, et un jour on le remercierait pour tous ses bienfaits. Je résume, hein. Fottorino n'a pas fait mention de l'endettement faramineux du groupe Le Monde, acculé au bord du précipice par la gestion hasardeuse et la frénésie d'investissements et de diversification de l'ancien président du directoire, l'inénarrable Alain Minc.

D'ailleurs, démonstration : il a fallu attendre cette semaine pour voir un envoyé spécial, Jean-Philippe Rémy, dépêché à Tananarive pour couvrir d'un peu plus près la crise malgache, trois mois d'âge, qui était auparavant du ressort de Sébastien Hervieu, correspondant à Johannesbourg (orthographié Johannesburg dans Le Monde, c'est tellement plus branché, mais moi ça me défrise). J'aime autant vous dire qu'on en sait autant depuis le Bourget.

1979, un franc quatre-vingts, vingt-sept centimes d'euro.

Le même jour dans la même édition où Fottorino tentait de nous amadouer avec ses verroteries, deux informations cohabitaient à quelques pages de distance. D'une part, la presse quotidienne nationale se vantait d'avoir en 2008 augmenté sensiblement son lectorat, champagne pour tout le monde, et appel du pied appuyé du côté de nos amis annonceurs. Succès en trompe l'œil, car d'autre part, on apprenait un peu plus loin que, dans le même temps, les ventes continuaient leur baisse ininterrompue qu'on observe depuis des temps immémoriaux, et qu'aucune augmentation du prix au numéro, aucun nouveau supplément débile, aucun encart publicitaire en quadrichromie, aucune réduction de l'offre éditoriale, aucune prise de participation dans un concurrent gratuit ne semble curieusement à même d'enrayer.

Les ridicules états généraux de la presse, réunis par le régime en place pour s'assurer que tout le monde avait bien le doigt sur la couture du pantalon, ont trouvé la solution au problème endémique de la presse française : davantage de soumission aux pouvoirs économique et politique, davantage de fadaises imprimées, et donc, ils l'espèrent, davantage de lecteurs. Mais bien sûr.

A la lecture régulière du Monde, on sent comme une empathie généreuse pour les problèmes des banlieues, le quotidien n'étant jamais à court de trémolos pour dénoncer l'abandon de leurs populations, le mépris dans lequel on les tient, et soutenir des visions volontaristes de fraternité, de désenclavement, de développement prioritaire. C'est bien simple : Fottorino ? Une caillera ! Depuis mon installation en 2005 dans ma riante banlieue du Neuf-Trois, j'ai vu Le Monde disparaître des points-presse en ville, le quotidien du soir n'y étant plus distribué que le lendemain de sa parution, traitement auparavant réservé aux lointaines sous-préfectures pyrénéennes. Pour trouver le journal l'après-midi de sa sortie, il faut pénétrer à ses risques et périls sur le quai de la gare du Bourget (la SNCF ne vend plus de tickets de quai depuis belle lurette) pour en faire l'emplette au kiosque Relay H. Pour dix centimes de plus.

20 mars 2009

Ôte-toi de là que je m'y mette !

Un nouvel organisme réunissant une belle brochette de spécialistes de la spécialité, l'Institut bourgetin des relations internationales, IBRI, nous livre en exclusivité son analyse sur la dernière crise malgache en date. Analyse particulièrement affûtée car particulièrement bien informée, attendu que les locaux de l'IBRI ont tout de même vue sur le RER.

Reprenons donc le cours des événements à Madagascar. En place, un président, Marc Ravalomanana, investi en juillet 2002, après une crise de six mois faisant suite à une élection que son prédécesseur, l'ancien dictateur communiste reconverti dans le blabla libéral-écolo-humaniste, Didier Ratsiraka, vingt ans de pouvoir, avait cru pouvoir trafiquer une fois encore. Ravalomanana avait alors été propulsé à la tête de l'Etat par un authentique élan populaire, mu par un sentiment de ras-le-bol généralisé et de vraies aspirations démocratiques, qui avait contraint l'amiral Ratsiraka à l'exil. A Neuilly-sur-Seine, soit dit en passant.

Ravalomanana lance des réformes, transforme visiblement le paysage du pays par de spectaculaires investissements dans les infrastructures routières, lutte contre la corruption, n'hésitant pas à sanctionner certains de ses affidés, et se fait réélire triomphalement en 2006 sans véritable concurrent. Là dessus, cet homme d'affaires richissime, qui a fait fortune dans le yaourt, prend le melon, et sans grande expérience politique, se voit trop beau, trop fort, trop malin, et commence à déconner sévèrement. Déjà, en lançant une nouvelle monnaie en 2003, il avait fait imprimer le logo de son parti sur les plus grosses coupures. On reproche désormais au président partisan de favoriser les entreprises de son groupe, jusqu'à créer des monopoles de fait sur le lait, l'huile, ou la farine. Miraculeusement, ses sociétés remportent appel d'offres public sur appel d'offres public. On commence à le croire plus intéressé par ses affaires que par celles du pays. Et puis deux fautes politiques viennent parachever son œuvre : l'achat d'un Boeing présidentiel à soixante millions de dollars, et surtout le sacrilège suprême au yeux des Malgaches, le projet de location de la terre des ancêtres au conglomérat coréen Daewoo en vue d'exploitation agricole intensive et sans doute pas très bio.

Parallèlement, Ravalomanana et son gouvernement se sont évertués à mettre des bâtons dans les roues du juvénile maire de la capitale Tananarive, Andry Rajoelina, ex-DJ enrichi dans la communication, élu en 2007, en qui le président se reconnaît en jeune homme pressé aux dents longues, et voit fort justement son double et donc un danger potentiel. Malheureusement, la parano de Ravalomanana, qui ferme radio et télé détenus par le maire, qu'on surnomme TGV pour souligner la vitesse de son ascension, produit l'effet inverse de celui escompté. En croyant évincer un rival, le président donne crédit à un adversaire qui se prévaut désormais de l'auréole du martyr.

Amis pour la vie.

La suite devient alors pour le moins confuse. Conforté par un semblant de mouvement populaire, en réalité une poignée de chauds partisans sortis de sa manche, Rajoelina grimpe sur une caisse à savon, se proclame calife à la place du calife, et parvient, contre toute attente, à convaincre un nombre croissant d'anciens soutiens de Ravalomanana de le rejoindre, coalisant les mécontents autour de sa jeune personne. Ne réussissant que très modérément sa tentative de soulèvement populaire, TGV passe la vitesse supérieure en précipitant ses partisans à l'assaut d'un palais tenu par la garde présidentielle, et obtient précisément ce qu'il recherchait : une faute éliminatoire, la garde tirant dans le tas, une quarantaine de morts. Plus de retour possible. Ravalomanana se réveille bien seul, ses jours sont désormais comptés, l'armée balance du côté de l'opposition, et depuis mardi, c'est fini, le pouvoir est passé entre les mains de Rajoelina, après un bref transit entre celles d'un quarteron de généraux.

Difficile de croire que la seule insatisfaction populaire, chronique dans un pays parmi les plus pauvres du monde, habitué à courber l'échine sous le joug de diverses dictatures, ait suffi à faire basculer le pouvoir. Difficile de croire que Rajoelina, trente-quatre ans, inconnu voilà trois mois, soit le seul maître de son propre destin. Déjà aujourd'hui, des militaires semblent plutôt enclins à remplacer celui qui apparaît comme un simple homme de paille répondant à de mystérieux commanditaires pour qui il était sans doute l'instrument leur permettant de se défaire de Ravalomanana. Difficile de croire qu'une armée neutre n'ait basculé qu'au dernier moment dans un camp, sans aucune préparation d'au moins certains de ses éléments...

Quelle que soit la nature du nouveau pouvoir qui s'installe à Tananarive, on attend encore, après trois mois de crise, de découvrir la première de ses intentions en matière d'économie, d'organisation institutionnelle, de relations extérieures. Manifestement, il s'agit du dernier des soucis des nouveaux venus, chez qui le pouvoir pour le pouvoir semble être le seul horizon.

Un des restaus en vogue des quartiers chics de Tana s'appelle facétieusement le Kudeta. Prononcer coup d'Etat. Le menu n'est pas affiché à l'extérieur.

Question subsidiaire

Et la question est : à quoi sert l'armée malgache ? Non, je veux dire, à part soutenir ou fomenter des coups d'Etat, à quoi sert cette vénérable institution, aussi ancienne que l'indépendance du pays ? Quelle est la doctrine militaire officielle du bras armé de la nation ? Quelles sont les menaces identifiées auxquelles l'armée de terre doit répondre, avec ses chars, ses véhicules blindés, son artillerie lourde, ses casernes réparties sur l'ensemble du territoire, y compris au cœur des grandes villes en plein centre de l'île ? A part une opération aéroportée d'invasion de la part des Comores, je ne vois pas.

Sérieusement, qui voudrait attaquer Madagascar, et s'emparer de ses dix-huit millions de ventres vides, ses résurgences épisodiques de peste et de choléra, son industrie du tourisme sexuel, sa dette himalayenne, sa forêt primaire en voie de disparition, et ses trois routes ?

Amis pour la vie.

En attendant, l'armée coûte bonbon, et contribue allègrement à saigner le budget d'un Etat qui n'a pas exactement besoin de ça, en payant un personnel surnuméraire à remplir des sacs de sable, sans compter les bidasses qui arrondissent leurs fins de mois en multipliant les barrages routiers un peu partout. L'île a sans doute besoin d'une marine, peut-être d'une aviation, mais d'une armée de terre, franchement...

19 mars 2009

Bienvenue chez les Chtis

Welcome de Philippe Lioret.

Océanocinématographie. Un maître-nageur calaisien se prend d'affection pour un jeune migrant kurde irakien échoué comme tant d'autres à quelques encâblures de l'Angleterre promise et accepte de l'entraîner pour une traversée de la Manche à la nage. En cours de route, on aperçoit quelques aspects parmi les moins romantiques, du quotidien des clandestins qui survivent aux alentours du port de Calais, et on découvre si besoin était les finesses du code pénal français qui punit les mains secourables tendues à des gens en détresse.

Il s'agit donc d'un film à message, mais la démonstration passe plutôt bien, grâce à un scénario plutôt bien ficelé, qui arrive à dire beaucoup de choses sans en montrer trop. On craint un petit peu les digressions sur la vie sentimentale du maître-nageur, mais finalement, ça s'avère servir le récit et se recouper avec d'autres éléments du tableau. L'interprétation est épatante, avec un Vincent Lindon dépassé par les événements qui bougonne comme personne, aux côtés d'une actrice aussi douée que peu connue, Audrey Dana.

Le tout est emballé avec une froideur qui devient presque embarrassante, mais en même temps, c'est un petit peu justement le sujet. En tout cas ça ne rigole pas beaucoup, et peut-être que le film aurait pu alléger un peu son ton d'un soupçon de distance ou même d'humour, ça aurait sans doute contribué à mieux mettre en perspective la noirceur du propos. Mention spéciale tout de même pour la bande son extrêmement riche et travaillée, fourmillant d'informations sur le contexte des scènes, ce qui n'étonne pas quand on sait que Lioret est un ancien ingénieur du son, et un sondier qui devient réalisateur, ça n'est pas banal.

Le jeune Kurde parviendra-t-il jusqu'aux blanches falaises de Douvres ? Je ne trahirai pas le suspense pour vous encourager à voir la réponse en salles, muni d'une épuisette.

Crash-test :

15 mars 2009

On n'est pas sérieux quand on a
vingt ans

Encore un fois cette gazette gothique superflue se laisse aller à faire de la pub pour des gens qui n'en ont pas vraiment besoin, mais il faut bien saluer la longévité du dernier refuge du véritable humour politique à la télévision que représentent Les guignols de l'info sur Canal. Déjà vingt ans, et ils ont survécu à toutes les modes, tous les remous de leur chaîne, tous les changements d'auteurs, et tous les présidents de la république. Enfin jusqu'ici. Il paraît que qui vous savez ne supporte pas sa marionnette. On ne voit vraiment pas pourquoi. En attendant, Canal, afin de prévenir tout incident, a préféré renoncer à inclure la photo d'une certaine personne de petite taille dans sa campagne d'autocélébration en affiches, en arguant d'une loi qui interdit d'utiliser l'image du chef de l'Etat en exercice à des fins publicitaires. J'espère qu'après ça c'est pas Oussama qui va venir leur faire des ennuis.









Putain, 20 ans ! Soirée spéciale Guignols sur Canal Plus lundi 16 mars à partir de 20h45. Je ne suis pas sûr que ce sera en clair.

14 mars 2009

En compagnie des Indes

Salaam Bombay! de Mira Nair.

Le succès en forme de prime à l'esbroufe rencontré par Slumdog Millionaire commence à me courir sérieusement sur le chapati. Aussi, conformément à mon vœu solennel prononcé à l'ashram du Bourget, j'ai fini par revoir un vrai bon film sur Bombay. Même ville, même bas-fonds, même misère, mais un regard autrement plus lucide, plus compassionnel au bon sens du terme, plus cinématographique, où un montage frénétique ne tient pas lieu de style. Et... ah oui... bon sang, mais c'est bien sûr ! la caméra n'est pas tenue par un descendant de colons paternaliste adhérent à Sahibs sans frontières.

Krishna est un pauvre gosse de la campagne abandonné par sa famille, jeté du cirque qui l'avait recueilli, et échoué sans plus un sou en poche à la gare de Bombay. Curieusement, il se retrouve avec plus ou moins le même boulot que l'autre truffe du film de Danny Boyle : chaiwallah, porteur de thé. Le film va nous raconter son dur apprentissage de la vie dans les quartiers miséreux, ses nuits dans la rue à dormir sur des cartons, ses démêlés avec divers exploiteurs, caïds locaux, la police, les prostituées, et sa recherche effrénée d'amour et d'une enfance qui fuit devant lui jusqu'à lui échapper totalement.

Ce film est la création de deux Indiennes (de bonne famille) qui se sont retrouvées à Harvard aux Etats-Unis, Mira Nair, réalisatrice de documentaires, et Sooni Taraporevala, scénariste, dont c'était la première collaboration. Portons au crédit de la seconde un scénario remarquable qui parvient à faire vivre tout un quartier et des foules entières avec un nombre réduit de personnages très cohérents et jamais caricaturaux. Tous les dialogues sont en hindi (à mon avis...), et les petits analphabètes ne font pas semblant d'avoir appris l'anglais sur des dos de cartes postales pour parler entre eux ! Et admirons la réalisatrice pour la justesse de son regard, dénué de condescendance comme d'angélisme, et qui donne vie à l'image avec une virtuosité qui traduit ou un grand talent ou une grande culture de cinéma ou les deux. La scène finale, ou le gamin et la prostituée fuyant un drame sont séparés et emportés par la foule en liesse qui célèbre Holi, la fête des couleurs, est un morceau d'anthologie qui vaut son pesant de pigments en poudre.

On friserait le chef d'œuvre si la bande son n'était affligée d'une musique de Bontempi oriental, sonorité malheureusement en vogue dans les années 80, et qui a un petit peu tendance à scier les oreilles aujourd'hui. La mélodie va bien, le rythme va bien, l'ambiance va bien, y a même les tablas, tchipapoum tchipaboup, c'est juste les nappes de synthés à deux roupies qui sont devenues plus indigestes qu'un butter chicken.

Crash-test :

12 mars 2009

The Slim Lebowski*

L'heure est venue de mettre un peu les pieds dans le plat. L'écran plat. A l'aube du XXIème siècle, la télévision grand écran 16:9 est devenu le nouvel horizon de la haute technologie de masse, un signe extérieur de richesse d'intérieur plus convaincant encore qu'une montre de prix, qu'on porterait volontiers à son poignet avant la cinquantaine ne serait l'encombrement bi-dimensionnel résiduel. Et si la platitude revendiquée de l'objet ne fait pas débat, la généralisation du format 16:9 a provoqué un beau foutoir dans la diffusion.

Passons sur certaines personnes âgées de ma connaissance qui regardent la coupe de France de football, diffusée sur France 3, toujours en 4:3, en zoomant au maximum de la capacité d'affichage de leur écran, préférant voir vingt-deux petits gros courir sans ballon (hors champ) plutôt que de perdre un seul pixel de leur fabuleuse dalle 16:9. Passons sur les chaînes elles-mêmes qui semblent n'avoir pas encore choisi très franchement entre les deux formats de diffusion, avec des grilles qui comptent encore des émissions en 4:3 et d'autres en 16:9, et jusqu'au sein d'une même émission, produite dans un format mais incluant des images tournées dans l'autre, c'est le palais des glaces à la foire du Trône, avec succession de petits râblés et de grands échalas, Patapoufs ou Filifers équitablement méconnaissables. Passons enfin sur les matériels vendus qui, profitant peut-être de la confusion des utilisateurs, semblent parfois incapables de reconnaître automatiquement un format d'image et s'obstinent à déformer, rogner, recadrer, décaler, des images devenues totalement hors de contrôle de leurs destinataires.

Deux grands minces qui lancent des ballons de rugby sur des allumettes.

Le plus grave, c'est qu'avec tout ça, j'ai failli me fâcher avec mon meilleur ami, un garçon pourtant sensé, doté d'un diplôme impressionnant sanctionnant de longues études dans le domaine des nouvelles technologies, et qui m'avait assis dans son canapé pour regarder The Big Lebowski des frères Cohen sur son grand écran 16:9. Comme je lui faisais remarquer que Jeff Bridges me paraissait nettement plus mince que dans mon souvenir, et lui demandais s'il était possible d'ajuster l'image au format prévu pour sa diffusion, il éleva franchement le ton, genre vu le prix qu'il a payé son bidule, le bidule doit bien savoir ce qu'il fait, et si ça te plaît pas, t'as qu'à gna gna gna... etc... Je l'ai bouclée, préférant conserver son irremplaçable amitié, et j'ai regardé John Goodman transformé en basketteur.

Il est très curieux d'observer comment ce qu'on nous présente comme un progrès technologique, le 16:9, et son corollaire, la diffusion en numérique, aboutit en pratique à une chute brutale de la qualité de l'image télévisuelle pour la plupart des gens. On accepte de regarder une image déformée sans sourciller, alors que si le son était distordu dans les mêmes proportions on grimperait aux rideaux.

*Lebowski le mince

11 mars 2009

Leçon cinématographique sur l'oviculture pour profit glorieuse nation Kazakhstan

Tulpan de Sergei Dvortsevoy.

Un mouton, deux moutons, trois moutons... Un berger kazakh, démobilisé de la marine russe, rejoint sa steppe natale, voudrait se marier pour avoir ses moutons à lui. Voilà, je crois que j'ai à peu près tout résumé de ce puissant soporifique élaboré en Asie centrale.

Notez bien que vu que je me suis endormi en sursaut à mi-film, j'ai peut-être raté la scène où les extra-terrestres débarquent dans la yourte, enlèvent le chameau, rasent Almaty, sont pris en chasse lors d'une course-poursuite effrénée ponctuée de violentes fusillades, qui se termine par une spectaculaire cascade d'explosions, avant que le héros n'offre un cocktail secoué et non remué à la ravissante espionne. On ne saura jamais, car quand je suis revenu à moi, le berger pratiquait un interminable bouche-à-bouche sur un agneau nouveau-né, et on n'a toujours pas aperçu jusqu'à la bienvenue fin de la dernière bobine la moindre trace de la jeune fille qui a donné son nom à ce film surréalistement post-soviétique.

Bref, c'est le Kazakhstan selon Borat mais pour de vrai.

Crash-test :