8 avril 2010

Copains d'avant

Sans laisser de traces de Grégoire Vigneron.

Crime et châtiment. Un jeune cadre dynamique en passe d'accéder aux plus hautes fonctions dans sa société croise le chemin d'un ancien copain de collège, qui de fil en aiguille va mener leurs deux vies au bord de l'abîme. Voyant son destin lui échapper totalement, notre héros va devoir s'en remettre à sa bonne étoile.

Alors l'idée est bonne, hein, le scénario recèle plein de possibilités, mais on a un peu l'impression qu'en ne sachant pas toujours sur quel pied danser, le réalisateur gâche un peu la pépite qu'il avait entre les mains. Ce qui était intéressant, c'était cet homme habitué au succès, avec un plan de carrière tout tracé et qui, par l'irruption d'un indésirable intrus, perd la maîtrise de sa vie. Ce qui était passionnant, c'était cet ami d'enfance à qui on donnerait le bon Dieu sans confession, et qui s'avère aussi incontrôlable que dangereux. Mais Vigneron, un scénariste qui réalise son premier film, passe un peu à côté, échouant à créer une atmosphère vraiment trouble, bâclant certaines scènes, forçant quelques situations, se rattrapant plus loin par une bonne idée de montage ou de mise en scène, puis rechutant ici ou là dans des dialogues approximatifs. Dans le rôle de l'intrus, François-Xavier Demaison manque un peu de démesure, ne justifiant pas vraiment l'emprise que son personnage exerce sur celui du malheureux cadre de moins en moins dynamique, campé tant bien que mal par Benoît Magimel.

Ça se laisse regarder à condition de prêter davantage d'attention au propos pas si futile, et un peu moins à la mise en forme hésitante. Pas dit que ce film laissera une trace indélébile.

Crash-test :

5 avril 2010

Boule et Bill et compagnie

Roba illustrateur.

Ce joli livre est co-édité par Dargaud, et Champaka, un éditeur qui se spécialise dans la monographie haut de gamme. S'il n' y a rien à reprocher à la qualité d'édition de cet ouvrage, on peut tout de même mettre en rapport son prix un rien onéreux et son iconographie, certes fort bien reproduite mais tout de même un peu courte, sans parler de la brièveté et même de l'imprécision (pas de date de naissance, par exemple) de la notice biographique qui l'accompagne. Aussi les plus avares des afficionados pourront faire comme moi et le trouver avec astuce ou habileté soldé ici ou là, ce qui rendra le plaisir de yeux nettement plus digeste pour le portefeuille.


Je n'ai jamais été un grand lecteur de Boule et Bill, et je tenais Roba, l'auteur de cette saga un peu platement familiale, pour quantité négligeable du grand ensemble de la bande dessinée belge, jusqu'à ce que voilà quelques années je tombe par un hasard parfaitement fortuit sur une exposition qu'avait consacrée le musée bruxellois de la bande dessinée à ce régional de l'étape. Et là les bras m'en tombèrent à tel point que je ne pouvais seulement plus me frotter les mirettes dont auxquelles j'en avais plein.


Car oui, mesdames et messieurs les jurés, à défaut d'être un génie de la bande dessinée, ce que d'aucuns ne manqueront pas toutefois de proclamer, le prévenu Jean Roba, est bien un génie du dessin et de l'illustration. Le livre de Dargaud-Champaka nous le rappelle heureusement, retraçant son parcours depuis l'illustration de romans à deux francs belges, puis la publicité où son sens de l'image qui fait sens fit merveille, jusqu'à son arrivée triomphale dans la BD avec ses héros Boule et Bill qui connurent un succès immédiat, précédant une autre série un peu plus oubliée mais nettement plus déjantée, La ribambelle. Roba a également collaboré avec Franquin sur la série Spirou et Fantasio, et surtout contribué à faire évoluer graphiquement le journal Spirou au début des années soixante.


Et vous avez bien raison de rouler de grands yeux de cocker triste, en pensant que Roba nous a quittés voilà déjà bientôt quatre ans.

3 avril 2010

Pervers pépère

Les invités de mon père d'Anne Le Ny.

Immigration mal choisie. Un vieux médecin veuf retraité, ancien militant gauchiste, rebelle éternellement engagé, franchit un pas supplémentaire dans son soutien aux sans-papiers en épousant une sculpturale jeune et fraîche réfugiée moldave. Gueule des enfants du médecin, qui ne savent plus que faire pour ramener le vieux à un semblant de raison.

Le précédent et premier film d'Anne Le Ny, Ceux qui restent, avait été une belle découverte, dans la veine dramatique. Ici la réalisatrice s'essaie avec un peu moins de bonheur à la comédie de mœurs, prenant comme prétexte à la chronique d'une crise familiale le malaise social créé par la situation des sans-papiers en France. Mais cet aspect du scénario, les sans-papiers, leurs difficultés, les réactions de la société, n'est en fait pas le sujet du film, qui se concentre sur le drame familial qui se noue quand les enfants s'aperçoivent que leur père est engagé dans une relation assez sordide de type sexe contre papiers avec une ambitieuse peu raffinée et sans scrupules. L'essentiel du propos est là, dans le trio du père avec ses deux enfants, qui ont tous une façon bien personnelle de réagir aux événements, en regard de la longue histoire de leur famille. En tentant de ménager ainsi la chèvre et le chou, le sociétal et le familial, le politique et le psychologique, Le Ny fait un film un peu bancal, pas toujours très cohérent ni limpide, heureusement parfois assez drôle, grâce à de bons dialogues et surtout de bons comédiens.

Le nœud gordien de l'intenable situation sera résolu de la seule façon possible : la pire. C'est peut-être cette morale immorale qui nous autorisera malgré tout à accorder notre visa à ce film.

Crash-test :